Depuis des décennies, il a été définitivement établi que les plantes sont de véritables usines capables de fabriquer des molécules très complexes et de structures très variées que l’on appelle métabolites secondaires. Et c’est en grande partie la présence de ces métabolites secondaires qui explique les effets positifs sur la santé humaine et animale (Wichtl et Anton, 2003). Taxol, quinine, morphine, acide acetylsalicylique sont quelques exemples des très nombreuses substances actives utilisées qui ont été « inventées » dans le monde végétal.
L’extension de ces connaissances à l’agriculture moderne est relativement récente et s’appuie sur des études approfondies des effets biostimulants des extraits de plantes sur les cultures et sur des technologies d’extractions toujours plus fines qui en font une distinction majeure avec les PNPP (Préparations Naturelles Peu Préoccupantes). Nous vous invitons à vous reporter à la page du site dédiée à ce sujet en cliquant ici.

1. Méthodes d’extraction

Les plantes utilisées dans les préparations doivent être de très haute qualité dans l’objectif d’obtenir des extraits à forte concentration d’actifs.
L’ambition permanente a été de faire évoluer le mode d’extraction pour améliorer la qualité des produits finis. Aujourd’hui, la technologie offre un large panel de possibilités d’obtention d’extraits tout en assurant une stabilisation du produit fini et la garantie que celui-ci soit exempt de microorganismes, de résidus de pesticides et de métaux lourds.

Ces techniques peuvent être dites :
conventionnelles : l’entrainement à la vapeur (hydrodistillation), l’extraction par Soxhlet, l’extraction en mode batch et l’extraction assistée par sonication
nouvelles : l’extraction assistée par microondes, l’extraction accélérée par solvants et l’extraction avec des fluides supercritiques

Figure 1 : Exemple de l’extraction par CO2 supercritique

source : http://tpelesplantesmedicinales.e-monsite.com/pages/la-phytotherapie-et-les-effets-dans-l-organisme/les-principes-actifs.html

 

Ce procédé se décompose selon les étapes suivantes :

1- La plante est introduite dans l’extracteur
2- Le CO2 est acheminé vers l’extracteur après avoir été comprimé sous plusieurs dizaines de bars et chauffé de 30°C à 40 °C maximum.
3- Le liquide présent dans l’extracteur se charge ainsi en composé extrait, puis il est détendu.
4- Le CO2 retrouve alors une forme gazeuse qui lui permet de se séparer de l’extrait à proprement dit ; cette opération a lieu dans un séparateur.
5- L’extrait est récupéré par décantation alors que le CO2 est recyclé par condensation pour être stocké de nouveau sous forme liquide.

Quelque soit le mode d’extraction choisi, le processus inclut concentration et purification de la substance avec éventuellement un mélange supplémentaire à condition que la nature chimique des composants d’origine ne soit pas intentionnellement modifiée / altérée par des processus chimiques et / ou microbiens.
Les méthodes d’extraction diffèrent selon le matériel utilisé, les températures de traitement, les solvants ajoutés, la forme souhaitée (solide, liquide). Toutes les méthodes doivent utiliser des plantes entières ou parties de plantes (sèches ou fraiches) en début de process et permettre l’obtention en fin de process d’un extrait naturel.

Chaque extrait est composé de différents actifs dont le niveau de concentration dépendra notamment de la méthode d’extraction mais aussi de la qualité de la plante utilisée.
Il est couramment admis que les associations d’extraits de plantes permettent une synergie extrêmement intéressante de différents actifs.

2. Modes d’action et exemples

Le nombre de plantes et des actifs qui les composent, combiné à la multiplicité des méthodes d’extraction rend le potentiel d’utilisation  des extraits végétaux en agriculture très large.
Les actions observées peuvent être très diverses et d’une manière générale, on peut dire que les extraits végétaux  renforcent les capacités homéostatiques des végétaux ciblés (e.g. capacité d’adaptation et pouvoir de résistance de la plante à l’égard des stress abiotiques). Généralement, ces réponses ne sont pas limitées à un organe, une fonction physiologique ou un déséquilibre en particulier.

De nombreuses études sur le sujet ont été réalisées. L’extrait aqueux d’ail a notamment démontré son influence sur la productivité des cultures d’aubergines et de poivrons tout en influençant les teneurs en chlorophylle et caroténoïdes grâce à la stimulation d’enzymes antioxydantes (Hayat et al., 2018).
L’extrait aqueux de réglisse utilisé en traitement de semences ou en pulvérisation foliaire a démontré de nombreux bénéfices sur des cultures de haricots soumis à des stress salins (Rady et al., 2018).

Plus que de simples extraits de plantes, ce sont donc des complexes de substances actives qui sont aujourd’hui proposés aux producteurs.
Lors de leur mise au point, de nombreuses études sont réalisées par le fabricant : de l’étude sur les effets sur les plantes aux études d’innocuité pour l’homme et son environnement.

L’approfondissement des connaissances du mode de fonctionnement du végétal et les avancées permanentes et découvertes à venir sur les 3 volets : extraction / principes actifs / mode d’action, offrent de réelles perspectives de développpement futur pour les extraits de plantes .

BIBLIOGRAPHIE

Wichtl, M. and Anton, R. (2003). Plantes thérapeutiques : tradition, pratique officinale, science et thérapeutique, 2nd ed. (trad. française de Teedrogen und Phytopharma, par Anton, R. and Bernard, M., XCVI – 692 p., Tec & Doc – Éditions médicales internationales).

Hayat S. et al., (2018) “Aqueous Garlic Extract as a Plant Biostimulant Enhances Physiology, Improves Crop Quality and Metabolite Abundance, and Primes the Defense Responses of Receiver Plants” Applied Science

Rady M., E.-S.M. Desoky, A.S. Elrys, M.S. Boghdady, (2019) “ Can licorice root extract be used as an effective natural biostimulant for salt-stressed common bean plants?”, South African Journal of Botany,Volume 121, Pages 294-305 Elsevier